Le week-end de cette semaine commence plus tôt pour nombre d’entre vous/nous, Voici donc le plaisir épicurien #5 qui nous invite à un voyage littéraire et œnologique chez nos voisins helvètes. La Suisse est le pays invité d’honneur de l’édition 2025 de Littératures Européennes Cognac qui aura lieu en novembre prochain dans la ville natale de Jean Monnet, un des pères fondateurs de l’Europe.
Le livre de ce week-end de l’Ascension
Cette question est au cœur du nouveau roman de Luca Brunoni, paru en mars dernier aux Editions Finitude. Leila vit depuis longtemps “en surface” respirant à peine entre une vie de famille pesante et un travail qui ne la passionne plus. Dans cette vie étouffante, le drame arrive brutalement par son fils. Dans un instinct de survie, elle s’enfuit et part se réfugier dans une petite station touristique au bord d’un lac, là ou elle avait passé le dernier bel été de son adolescence. C’est ici qu’elle reprendra pied peu à peu, en réinterrogeant son passé et en rencontrant trois personnes aux parcours cabossés, échoués également dans ce lieu quasi inhabité hors saison. Ensemble ils vont tenter tant bien que mal de se reconstruire et de se libérer de leur propres tragédies intimes. Un roman sur les fêlures et blessures de la vie, sur la capacité de donner une seconde chance à soi et aux autres.
En surface fait partie des quatre nominés du Prix des Lecteurs de Littératures Européennes Cognac. Le nom du lauréat sera connu lors du festival.
L’ extrait qui donne le ton
“…Leila se souvient de ce que l’on éprouve lorsqu’on n’arrive plus à respirer. La première fois qu’elle a ressenti cela, c’était dans une étreinte tiède, alors que quatre mètres d’eau pesaient sur son corps d’adolescente. La dernière fois, c’était chez elle, quelques jours auparavant, dans le village où elle a grandi. La main n’a serré son cou que pendant quelques secondes, mais en vérité, Leila, à ce moment-là manquait d’air depuis trop longtemps…”
L’auteur
Ecrivain et scénariste suisse, Luca Brunoni est né à Lugano en 1982. Il vit aujourd’hui à Neuchâtel en Suisse romande. Il est diplômé en droit et en littérature anglo-saxonne, auteur d’une thèse sur Henry Miller. Les Silences, son premier roman publié en France par les Editions Finitudes, en 2003 avait obtenu le Prix Jean Monnet des jeunes européens.
“Ma passion pour la littérature est née grâce à la découverte d’une collection de vieux livres de poche dans la bibliothèque de mes parents. Les couvertures étaient fades, les pages se décollaient et la police était minuscule. Mon père s’en souvenait à peine, il les avait achetés au kiosque près de son école pour une poignée de lires alors qu’il était ado. J’ai donc commencé par les classiques (Hemingway, Steinbeck, …) mais je suis rapidement devenu un lecteur éclectique. Puis, à mes 24 ans, je me suis retrouvé assis devant mon ordinateur, poussé par l'envie d'écrire une histoire. Ce fut le début d’un long et enrichissant apprentissage… Depuis, j'ai écrit des romans, des textes pour des magazines ou des anthologies, et j'ai collaboré à l'écriture de scénarios.”
Le vignoble qui l’accompagne
Les vignobles de Lavaux sont classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de paysage culturel depuis 2007. Vous connaissez certainement ces célèbres vignobles en terrasse cultivés en à pic vertigineux au bord du lac Léman, pour les avoir vus en photos ou lors d’émissions qui leur sont régulièrement consacrés. Mais peut-être pour certains d’entre vous, comme pour moi, vous avez eu l’occasion de vous perdre dans les escaliers et entrelacs des parcelles, ressentir une légère impression de vertige, et une absolue émotion pour la beauté époustouflante de ce site face aux Alpes. La meilleure visite se fait à pied dans le respect des vignes et du travail des vignerons bien sûr. Entre les domaines et les lieux d’accueil, tout incite à la rencontre, à la discussion et à la dégustation. Une trentaine de cépages sont cultivés, avec une forte prédominance du chasselas.
Le bon Dieu a fait la pente, mais nous on a fait qu’elle serve, on a fait qu’elle tienne, on a fait qu’elle dure [...] C’est plus du naturel, c’est du fabriqué ; c’est nous, c’est fabriqué par nous, ça ne tient que grâce à nous ; ça n’est plus une pente, c’est une construction, c’est une tour, c’est un devant de forteresse…” Extrait de “Passage du poète » de Charles-Ferdinand Ramuz
Après avoir déambulé à flanc de coteaux, et me prendre parfois pour un dahu, j’ai opté pour la dégustation dans le Vinorama, qui donne une vision exhaustive de toutes les richesses de ces vignobles possédant chacun leur identité propre. Plus de 300 vins sont proposés à la dégustation, en fonction de vos goûts et de vos envies, à consommer sur place ou à emporter. La dégustation se faisant bien évidemment dans les règles de l’art avec modération.
Je ne vous conseillerai donc pas un domaine en particulier, votre caviste préféré possède certainement quelques jolies quilles de ce vignoble, laissez vous tenter si vous ne connaissez pas déjà.
Je vous souhaite d’apprécier la lecture en dégustant un verre de votre choix et vous laisse avec la jolie histoire des trois soleils, recette secrète du vignoble de Lavaux.
Le soleil d'en-haut, ardent et généreux, le soleil d'en-bas, réfléchi par le miroir du lac et le soleil des vieux murs de pierre qui restituent pendant la nuit la chaleur accumulée durant le jour.
Si cette lettre a retenu votre attention parce que nous partageons le même intérêt pour la lecture et la dégustation de vin, vous connaissez certainement des personnes qui possèdent la même appétence pour ces plaisirs de la vie. En leur faisant lire cette lettre et en les incitant à s’abonner, nous agrandissons ensemble le cercle des épicuriens de ces univers. Vous me permettez également de poursuivre ce travail de découverte, de recherche et de curiosité. Un grand merci par avance.
Toujours un bonheur de vous lire ♡