Pour ce nouveau plaisir du vendredi, j’ai laissé le soin à Erick-Amaury Zion, l’enthousiaste libraire de la librairie Le trait-d’union à La Rochefoucauld de nous proposer un de ses coups de cœur. Je n’ai pas été déçue, quel choix et quel livre ! Pour mourir, le monde ne se lira pas en une soirée, je vous l’accorde, peut-être en un week-end si vous avez envisagé un moment de pause. Et, remarque liminaire, Pirate des caraïbes pourra vous paraître être une comptine pour enfants, après avoir lu ce roman d’aventures et d’histoire, la vraie et la fiction, ce tour du monde qui nous laisse si étourdi de bruit, de fureur et de passion que l’on a juste envie d’aller se reposer sur une plage au pied des dunes du Médoc, sans crainte aujourd’hui de faire mauvaises rencontres fatales !
Le libraire du vendredi
Libraire depuis plus de 10 ans, Erick a choisi de sauter le pas en mai 2022 et d’ouvrir sa propre librairie indépendante dans la petite ville de La Rochefoucauld, connue pour son célèbre château, demeure du non moins célèbre auteur des Maximes, François de la Rochefoucauld. Pari courageux pour Erick qui n’a écouté que son intuition et sa passion pour créer ce lieu à son image ; un choix d’ouvrages éclectiques pour répondre à tous les goûts voisinant avec des propositions pointues. Erick anime le lieu tout au long de l’année avec des rencontres, des dédicaces, des ateliers pour les enfants… accompagné par Mylène, sa fidèle collaboratrice. Le trait d’union, lieu de rencontres et de découvertes porte bien son nom.
Le livre du vendredi
Pour mourir le monde de Yan Lespoux aux éditions J’ai lu
Je ne tenterai pas de vous résumer le livre car cette aventure hors normes, sa richesse descriptive et ses détails foisonnants se lisent et ne se racontent pas. Disons simplement que vous allez suivre au plus près le portugais Fernando, le brésilien Diogo et la française Marie, tous très jeunes, mus par la volonté farouche de s’arracher à leur condition de vie très précaire. Rien ne prédestinait à une rencontre de destins ces naufragés de la vie tentant de survivre dans un monde qui ne leur faisait aucun cadeau. Celle ci va avoir lieu dans le fracas d’un naufrage sur les rives du Médoc en 1627.
Yan Lespoux s’appuie sur un évènement réel, celui du plus grand naufrage de la marine portugaise devant les côtes françaises en 1627, plusieurs galions coulés escortant deux caraques revenant de Goa, dont le Sao Bartolomeu chargé d’épices, de soieries, de canons, de pierres précieuses et d’un coffret de diamants que le roi d’Alcan offrait à la reine d’Espagne. La flotte est dispersée par une tempête d’une violence inouïe dans le golfe de Gascogne. Si une partie des équipages et passagers des galions qui s’échouent devant Saint-Jean-de-Luz sont sauvés par les habitants, il n’en n’est pas de même pour le Sao Bartolomeu et deux autres galions qui coulent, pour le premier à la hauteur de Lacanau, les seconds vers Lège, l’accueil des locaux étant nettement plus rude... Ce sont les rares survivants qui transmettront cette histoire tragique des années après.
Lorsque Yan Lespoux découvre par hasard cet épisode d’histoire, il se passionne pour l’évènement et entreprend plus de deux ans de recherche pour répertorier, croiser et engranger des informations sur la vie à Goa, celle de Salvador de Bahia, les aventures maritimes et conditions de navigation de l’époque, étant pour sa part fin connaisseur de l’histoire du Médoc. C’est cette recherche considérable qui nourrit ce roman flamboyant et nous donne l’impression de voir, toucher, sentir et ressentir avec les personnages. Le roman qu’il nous livre est celui d’une bouleversante quête d’un avenir meilleur que les trois héros poursuivent envers et malgré tout dans un monde impitoyable à leur égard.
Pour mourir le monde est une épopée dantesque dans laquelle la fureur de la mer se confond avec la fureur des hommes.
Le titre de ce roman
Yan Lespoux a puisé son titre Pour mourir le monde dans un écrit d’Antonio Vieira, célèbre jésuite portugais, prédicateur de renom et écrivain. (1608-1697)
Naître petit et mourir grand est l’accomplissement de l’homme ; c’est pourquoi Dieu a donné si peu de terre pour sa naissance et tant pour sa sépulture. Un lopin de terre pour naître ; la terre entière pour mourir. Pour naître le Portugal, pour mourir, le Monde
La recommandation du libraire
“Dans pour mourir, le monde, il y a tout ! la force romanesque, le roman picaresque, une fresque historique qui vous embarquera dans une aventure formidable, en somme un roman-monde, ne passez pas à coté” Erick-Amaury Zion
Le cocktail du vendredi
Pour se remettre de ses émotions, un cocktail me semble tout indiqué. Il faut dire que l’origine du cocktail attribué aux britanniques - bien que les américains en revendiquent également la paternité - possède un lien tangible avec les aventures maritimes. Je pencherai donc pour la version 1 sachant que la flotte britannique, sillonnait toutes les routes maritimes du monde. Et pour se prémunir de la dysenterie, du scorbut, du choléra, alors que l’eau potable n’existait pas, les marins prirent l’habitude de mélanger l’eau avec des alcools issus des plantes et baies distillées qu’ils découvraient dans leurs voyages. On peut donc raisonnablement penser que ce sont les anglais qui ont assemblé toutes ces connaissances pour imaginer les cocktails. Si vous voulez en savoir plus sur l’origine des cocktails, leur histoire et leurs hérauts, je vous invite à retrouver l’article que j’ai consacré à l’histoire du cocktail sur mon blog.
Guillaume Dorner, expert mixologue, propriétaire du bar à cocktails Luciole à Cognac - classé parmi l’un des 50 Best Discovery Restaurants bars and hôtels around the world- vient juste de concoter sa carte d’été. J’ai donc choisi pour vous le Adrak Collins “ L’inde à la mode Tiki” pour rappeler un des lieux du livre, adrak signifiant ginger en hindi.
C’est un cocktail tout en fraîcheur composé de cognac, velvet falernum (fabrication Luciole) citron vert, sirop de cardamome et gingembre, allongé d’eau gazeuse. Idéal pour les soirées d’été, je l’ai dégusté sur la terrasse ombragée du Luciole face à la Charente.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
Et comme la vitrine du Trait d’union le rappelle :
Je vous souhaite un excellent week-end.
Bravo pour cette jolie découverte 😏 je garde la référence du livre ...